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Trompes de chasse et Fanfares

Le départ pour la chasse

L'un des adjuvants auxquels la vénerie française doit un incomparable éclat est la trompe de chasse.
Avant la trompe, les veneurs usaient de cors ou huchets, en corne animale ou en métal, souvent richement travaillés et ornés. Avec cet instrument à  une seule note, les veneurs étaient convenus de cornures - sorte de télégraphe Morse, comprenant des longues et des brèves - pour appeler et signaler les circonstances. La cornure de quête correspondait à nos requêtés, celle de chasse, à  nos bien-aller, celle de chasse de vue, à la vue, celle de mescroy, au change, celle de l'eau, au bat-l'eau, celle de prise, à  l'hallali et à  la mort, etc.
La trompe de cuivre apparait à  la Vénerie de Louis XIV en 1680, elle est à  un tour et demi (longueur déployée: 2,27 m, diamètre: 0,48 m, accord: ut). En 1723, le marquis de Dampierre emploie une trompe plus longue, mais toujours à  un tour et demi (longueur déployée, 4,05 m, diamètre: 0,72 m, accord: ré). Le second modèle de Dampierre est de 1729, sa longueur déployée est de 4,545 m, elle est enroulée à deux tours et demi. Le Brun, fournisseur du roi, ayant échos cette trompe au moment de la naissance du Dauphin, elle est nommée « à  la dauphine ». Ce modèle est utilisé jusqu'en 1815, année où la trompe à  trois tours et demi fait son apparition (même longueur déployée). Elle reçoit le nom de « à  la d'Orléans », à  la suite d'une commande de quarante trompes passée par l'aîné des fils de Louis-Philippe, le duc d'Orléans. Cette trompe, exécutée par Raoulx, a été perfectionnée par Périnet, qui l'a définitivement mise au point en 1855. Depuis lors, la trompe de chasse n'a pas varié, son port à  cheval enécharpe a été rendu possible gâce au remplacement du tricorne par la cape de velours anglaise.
L'embouchure est en alliage à  base d'argent. Chaque sonneur choisit l'embouchure qui s'accorde le mieux à  son jeu et à  ses lèvres.
La trompe de chasse, instrument à  vent simple, donne les harmoniques d'un son fondamental. Les harmoniques correspondent aux notes suivantes de la gamme :
HARMONIQUES
NOTES
OBSERVATIONS

1

ré1


2

ré2

Ne sont pas sonnés.

3

la2


4

ré3


5

fa dièse3


6

la3


7


N'est jamais sonné.

8

ré4


9

mi4


10

fa diése4


11

sol4

Ce onzième harmonique donne une note qui tombe entre sol et sol diése. Cette nuance est perceptible aux oreilles musicales.

12

la4


13

si4

Exceptionnellement sonné dans certaines fanfares, comme le Chevreuil de Bourgogne.

Il résulte de ce qui précède que les fanfares à  plusieurs parties harmoniques créent des accords à  multiples parfaits, la rançon en est deux désaccords avec la gamme tempérée: le septième harmonique, qui n'est jamais sonné, et le onzième harmonique, qui est un sol légèrement dièsé.
La trompe de chasse se sonne dans un style particulier, différent de ceux de la trompette, du clairon et du cor d'orchestre. Ce style comporte le tayauté, le roulé, le moelleux. On peut sonner à  pleine trompe ou en radouci (plus difficile que la pleine trompe), on sonne à  cheval, aux trois allures, au trot, il convient d'alléger l'assiette et de s'appuyer sur l'étrivière droite. Il est recommandé de déporter la tête légèrement à droite pour éviter un coup de nuque dans la trompe, lorsque le cheval « encense ».
Les premières fanfares remplaçant les anciennes cornures ont été créées par Marc-Antoine, marquis de Dampierre (1676-1756).
Le premier recueil paraît en 1778. Il comprend vingt-neuf fanfares. L'exégèse des fanfares et de leurs auteurs a fait l'objet de nombreux ouvrages. Nous citerons comme l'une des meilleures références l'ouvrage du commandant de Marolles.
En 1954, un millier de fanfares ont été écrites, environ cinq cents sont homologuées par la Fédération des trompes de France.
Si les trompes de chasse ont enrichi la chasse à  courre d'un ornement musical caractéristique, elles sont aussi et surtout un nécessaire langage pour les veneurs en forêt, indiquant les circonstances de la chasse, appuyant les chiens ou appelant.

Écoutez des fanfares sur le site de la vénerie.