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LA CHASSE à COURRE

 
(L'exposé du Duc de Brissac qui suit relate d'une façon très précise ce que pouvait être la chasse à courre jadis. Il donne une bonne idée de celle pratiquée aujourd'hui.)
La chasse à courre ou vènerie est l'objet d'ouvrages nombreux: la bibliothèque d'un veneur pourrait compter cinq cents volumes. C'est dire la difficulté d'un traité complet en quelques pages, au moins amorcerons-nous ci-après toutes les rubriques qu'offre cet art ancien et toujours vivant. Le lecteur qui désirera en approfondir un aspect particulier pourra trouver facilement un ouvrage de référence. La vènerie est l'art de forcer des bêtes sauvages en mettant des chiens sur leur voie à leur poursuite. Exercice aussi vieux que l'humanité, dit-on souvent, quoi qu'il en soit, le chien parait être le premier compagnon domestique de l'homme, on trouve ses débris mêlés dans les formations quaternaires. Le chien (Canis familiaris) est attentif, cordial, docile, sa mémoire est fidèle, son sens de l'olfaction sélectif, omnivore par éducation, il est carnassier de nature, et son instinct le porte à poursuivre des proies pour les dévorer, instinct que l'homme primitif mit à profit pour maintenir une bête sur sa fuite, la mettre aux abois et, dès lors, s'en approcher à portée d'arme blanche et l'achever. Nécessité d'abord, ce mode de chasse devint un art, et l'art s'attacha au comportement de la meute suivie par des cavaliers. La vènerie était née et devait subsister malgré l'arme à feu permettant l'affût ou la battue.
En France, les Gaulois, puis les Francs chassent à forcer. Sous les Mérovingiens, la vènerie devient plaisir de gentilhomme et sport de roi. La féodalité organise la chasse à courre qui trouve une valable expression écrite avec le Livre du roi Modus et de la reine Ratio, ouvrage du XIVème siècle, sorte de catéchisme du veneur dû à Henri de Vergy, seigneur de La Fère.
Les règles et les rites de la vènerie s'enrichissent avec les Valois et se fixent définitivement sous les rois Bourbons: Louis XIII, Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. L'équipement des veneurs, des piqueurs et des valets de chiens se modifie, sous l'influence des modes anglaises, à la fin du XVIIIème siècle. D'heureux effet, nous leur devons l'allègement des tenues et des harnachements, le cheval de pur sang, et surtout le chien de meute moderne.
Car l'histoire technique de la vènerie peut se ramener à l'histoire du progrès du chien, sous l'effet d'une patiente sélection recherchant l'hérédité des caractères acquis: nez, vitesse, obéissance, robustesse et gorge. De nos jours, le chien de meute est un hybride, ou plus exactement un métis franco-anglais, de poids compris entre 40 et 50 kg, et ordinairement de pelage ras et tricolore (blanc, feu et noir) ou bicolore (blanc et noir).
La vènerie use d'une terminologie précise: ainsi, on y donne huit noms différents au sanglier suivant son âge. Les glossaires complets n'expliquent pas moins de trois cents termes de vènerie. La langue courante s'est enrichie de locutions nombreuses empruntées à la vènerie et employées au figuré.
Depuis les temps les plus anciens, la vènerie, particulièrement picturale, fournit un thème abondant à l'art. Il est remarquable de noter, en effet, que les dessins retrouvés sur les parois des cavernes préhistoriques représentent des scènes de chasse: c'est le premier sujet qui ait tenté l'homme en tant qu'artiste.
Les animaux courus en France ont été ou sont: l'aurochs (disparu), le loup et l'ours (pratiquement disparus), le cerf, le sanglier, le chevreuil, le daim, le lièvre et le renard.
Aujourd'hui, plusieurs dizaines d'équipages français se partagent le courre du cerf, du chevreuil, du sanglier, du lièvre, du renard ou du lapin.