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Le sanglier.
L'équipage de sanglier se nomme vautrait, du nom des chiens vautres, espèce
de grands mâtins qu'on lâchait autrefois à vue sur l'animal pour le coiffer.
Le courre exige un rembucher précis. La quête du valet de limier demande de
l'expérience et de l'endurance: examiner les boutis et les souillis, laisser
travailler le limier, mais ne pas serrer de trop près, si le sanglier prend vent
du trait, il videra sa bauge, à l'attaque, il sera déjà loin. Si le limier
hérisse le poil et gronde sourdement, ne pas insister, se retirer discrètement,
le rapport sera sûr.
Sur un sanglier seul, bien rembuché, on attaque de meute à mort, sans
rapprocheurs.
Dès l'attaque, il faut forcer le cochon à marcher, chasser en avant,
sonner, crier, car, si l'animal muse devant les chiens, reprend haleine, on ne
le forcera pas, s'il se décide, il fera grande refuite, souvent sur des
parcours accoutumés. Quant aux cavaliers, qu'ils ne comptent guère relayer ni
pouvoir donner un relais de chiens.
Sur la vue, crier Vlô! (et non Taïaut!) et sonner le Sanglier (et non la
Vue). Si l'on a rembuché une compagnie, on aura peine à séparer avec des
rapprocheurs, il vaut mieux tout mettre et rallier de préférence sur un mâle,
si on le peut toutefois (on chasse indifféremment mâles et femelles: la mise au
ferme d'une laie est admise).
On n'usera de rapprocheurs que si l'on veut redresser longuement la voie
haute d'un solitaire défini dont on a connaissance.
Le sanglier ne fait pas valoir le change comme le cerf ou le chevreuil, sa
voie est forte, mais fugace, aussi, on n'arrêtera jamais la tête, mais on
essaiera, si c'est nécessaire, d'enlever les chiens de queue et de les
raccrocher en tête.
Tous les chiens de meute classiques sont bons au sanglier. On recherchera la
vitesse et le mordant plus que le nez.
Car le sanglier sur ses fins se défend, fait tête plusieurs fois: dès qu'il
amorcera des fermes roulants, se saisir de la carabine (il est bon de la porter
à la botte) et le servir dès que possible, même à cheval, sans quoi un mâle
bien armé fera des ravages dans la meute. Ne servir au couteau qu'en cas
d'urgence, le sang-froid est ici nécessaire. Se munir d'une trousse portative
pour recoudre sur-le-champ les chiens éventrés.
L'emploi de la carabine pour servir un sanglier ne doit être réservé qu'en
dernier recours, l'utilisation de la dague ou au pire de l'épieu sont bien plus
indiqués mais plus risqués également).
Les rites de la curée sont les mêmes que pour le cerf, les trophées sont le
pied (offert aux honneurs) et les défenses.